Le Palace et le Ritz : 100 ans d’histoire

Catégorie: Art & culture 26 août 2015
La rotonda del Palace

La rotonde du Palace

Lorsque vous voyagez dans une autre ville, vous avez en premier lieu besoin d’un endroit pour dormir. Mais ce n’est pas le sujet de ce post. Le Palace et le Ritz sont deux hôtels, oui. Deux établissements centraux, confortables, exclusifs, classiques, soucieux des détails et parfaits. Cependant, ce post souhaite nous faire comprendre pourquoi ces deux emblèmes situés l’un en face de l’autre, de part et d’autre du Paseo del Prado, sont un élément à part entière de Madrid depuis plus de 100 ans.

Tous deux furent inaugurés par le roi Alphonse XIII, le Ritz en 1910 et le Palace en 1912. Grâce à ceux-ci, on voulait que Madrid possède deux grands hôtels à la hauteur des meilleurs au monde pour recevoir les grands voyageurs arrivant en ville. Mais au cours de ce siècle, ils ont été bien plus que cela : ils furent le théâtre d’intrigues, d’anecdotes, de l’Histoire avec un grand « H » et d’histoires que l’on ne pourra jamais raconter (la discrétion de leurs employés est l’un de leurs arguments de vente).

Fachada del Hotel Palace.

Façade de l’hotel Palace

On se rend au Palace et au Ritz, même si l’on n’y séjourne pas. On y vient goûter, comme le chantait surtout la chanteuse Lilian de Celis dans la chanson Las tardes del Ritz : « Dussé-je vivre jusqu’à cent ans, je n’oublierai pas les après-midis du Ritz ». Un fox-trot qui était plein d’espièglerie et plongé dans l’univers de l’hôtel où une règle non écrite a empêché durant des années que des artistes de la chanson ou du cinéma y logent.

Dans les années cinquante, l’acteur James Steward fut refusé à l’entrée de l’hôtel, mais il revendiqua sa qualité de colonel de l’armée américaine et l’hôtel dut l’admettre. En tout cas, cela fait de nombreuses années que cette norme a été abolie et, anecdote pour les fans de people, le Ritz est l’un des hôtels hébergeant le plus de célébrités. La liste serait interminable. Le Palace n’a jamais fait autant de manières à propos de ses hôtes, voilà pourquoi les grandes stars avaient coutume de descendre dans cet hôtel.

La Belle Époque en el Ritz

La Belle Époque dans le Ritz

Une partie de l’histoire de l’Espagne s’est aussi écrite derrière les murs du Ritz et du Palace. Tous deux furent transformés en hôpital pendant la guerre civile espagnole (1936-1939). Dans le premier est mort le 20 novembre 1936 le leader anarchiste Buenaventura Durruti, blessé dans un combat à la Cité universitaire. Le Palace a toujours été marqué par son emplacement en face du  Congrès des Députés, mais jamais autant que cette nuit du 23 février 1981, quand une tentative de coup d’État a essayé d’en finir avec la démocratie espagnole naissante. L’hôtel est devenu le quartier général des journalistes et des observateurs, qui trouvaient là une tour de guet irremplaçable pour observer le déroulement des événements.

 

Les murs de cet hôtel ont accueilli tellement de personnalités. Certains furent clients des deux, comme le peintre Salvador Dalí, qui déjà lors de ses années de formation à la Résidence des étudiants avait l’habitude de fréquenter les bars des deux. Il y a un merveilleux document portant l’en-tête du Palace avec un dessin de Dalí et un petit poème de Federico García Lorca dans lequel ils demandent à un ami un peu d’argent pour Luis Buñuel, qui n’était pas dans une situation bien brillante.

Lettre de Lorca et Dalí et vieille carte postale de l’hotel Ritz

En un mot, tellement d’histoires, tellement d’anecdotes et tellement de curiosité… Mais l’essentiel est que les deux hôtels restent des acteurs majeurs de la vie de Madrid. Des lieux pour loger ou tout simplement venir boire un verre, dîner ou déguster son brunch dominical. Des lieux pour rêver. Les yeux fermés ou ouverts. C’est bien le cas de le dire.

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