Ce week-end, je reçois des amis de France qui sont venus visiter Madrid avec leurs enfants ados. Autant dire que la mission est délicate. Il faut concocter un programme qui plaise à tout le monde et les différences de goûts entre générations ne rendent pas les choses faciles. Mais avec un petit effort de mémoire (on a tous été « djeuns »…) et grâce au caractère ouvert et cosmopolite de Madrid, je m’en sors sans être trop has-been.
En espagnol, l’âge ingrat se traduit par edad del pavo, littéralement, l’âge dinde. Donc, pas facile à porter… Prise en sandwich entre l’enfance et l’âge adulte, c’est la période où il faut encore suivre les parents, tout en essayant de paraître indépendants. Les enfants de mes amis voudraient me faire croire que les rôles sont inversés et que ce sont eux qui accompagnent leurs parents à Madrid, histoire de ne pas les laisser faire n’importe quoi. Quand ceux-ci s’échangent un baiser discret, pour exprimer leur joie d’être à Madrid en famille, le jeune garçon proteste en roulant des yeux : « arrêtez de vous montrer en spectacle !« . On n’a pas fini…
Voyager avec des ados est relativement facile et agréable, à condition de savoir ce qu’il faut (et surtout ce qu’il ne faut pas) faire. Voici donc cinq plans à Madrid qui « déchirent (grave) » .
Shopping sur la Gran Vía
Vos ados ne voyagent pas vraiment à Madrid dans l’idée d’enchaîner les visites culturelles… Pour ça, il y a les voyages scolaires de fin d’année ! Pendant que les parents admirent les différents styles architecturaux qui font la particularité de la Gran Vía, les jeunes ont le nez collé aux innombrables vitrines qui jalonnent cette artère commerciale fourmillante. Il y a virtuellement toutes les marques internationales de prêt-à-porter, de loisirs et de restauration rapide dont les jeunes raffolent. Les boutiques du Real Madrid et de l’Atlético, notamment, ont pas mal de succès : les stars espagnoles du football ont leurs fans partout dans le monde ! En parlant de fans, la Gran Vía est surnommée, à juste titre, le « Broadway de Madrid » puisqu’on y trouve la plupart des théâtres de variétés où ont lieu, entre autres, les comédies musicales annoncées sur les écrans lumineux et les posters géants qui donnent, effectivement, à la célèbre avenue madrilène, des airs de Manhattan. Les soirs de premières de films au Cine Callao, les groupies paralysent la place de Callao dans l’espoir de chasser les autographes ou les selfies avec les stars qui se prêtent au jeu sur le tapis rouge déroulé pour l’occasion.
Tapas dans les gastro-marchés
De la Gran Vía, nous bifurquons sur la Calle Fuencarral, autre rue commerçante très animée. Mes amis freinent net l’ardeur consumériste de leurs enfants, qui continueraient volontiers à écumer les boutiques… Comme il est l’heure de se restaurer, j’emmène tout ce petit monde au Marché de San Ildefonso pour déjeuner à base de tapas. J’observe, inquiète, la moue dubitative des jeunes qui avaient d’abord émis le désir de ne pas trop s’écarter de leurs habitudes rassurantes (en d’autres mots : le coca-pizza). Mes jeunes hôtes se découvrent cependant une passion pour les « croquetas » et trouvent plutôt cool cette façon de se restaurer, en « zappant » d’un stand à un autre. Le marché de San Ildefonso, comme d’autres anciens marchés alimentaires couverts de Madrid, a été transformé en un agréable espace qui mêle une offre gastronomique variée et le design, avec, en plus, des animations thématiques (festivals de street food, concerts, animations théâtrales, foires, etc).
Musées… Oui, mais ludiques avant tout !
L’après-midi, pas question de déroger au plan des parents de faire, au moins, une visite à un des principaux musées de la ville. C’est la crise ! Il faut trouver un compromis, car les jeunes refusent, sous peine de bouderies interminables, d’aller passer ne serait-ce qu’une heure à observer des tableaux et des sculptures… Je les emmène donc visiter le Musée du Chemin de Fer, un des musées les plus importants d’Espagne consacré à l’histoire de ce moyen de locomotion. Il est installé dans l’ancienne gare de Delicias, chef-d’œuvre de l’architecture métallique du XIXème siècle, et présente une collection exceptionnelle de locomotives historiques à vapeur, de trains électriques et diesel, en plus d’autres pièces rares d’horlogerie, de mécanismes de contrôle, d’uniformes, de documents et de photos anciennes. Les jeunes sont notamment fascinés par la salle des maquettes où sont reproduits des circuits miniatures, avec de petits trains électriques circulant dans des installations et des paysages réels construits à l’échelle réduite. Pour les fans de modélisme, le musée organise chaque premier dimanche du mois un marché où l’on peut acheter des pièces et des jeux complets de maquettes. Le musée a même une cafétéria installée dans un wagon d’époque !
Visites culturelles en deux-roues
On l’a vu, l’ado est prêt à faire des kilomètres à pied pour du shopping…Mais beaucoup moins pour voir des vieilles pierres. La solution ? Proposer la découverte du patrimoine monumental historique de la ville de façon commode et surtout ludique. Plusieurs agences madrilènes organisent des visites guidées dans la capitale, à vélo ou en Segway. On peut ainsi combiner la visite du parc du Retiro ou celle du Madrid des Habsbourg avec une promenade sympa, en famille, sur ces drôles de véhicules électriques gyroscopiques. Madrid s’est également équipée d’un réseau urbain de pistes cyclables et de BiciMad, un service public de location de vélos, avec 165 bornes réparties dans toute la ville. C’est d’autant plus chouette, qu’avec son climat largement ensoleillé tout au long de l’année, Madrid permet ce genre d’activités même en hiver !
Enfin, si vos enfants ne sont décidément pas prêts à se défaire de leurs loisirs « gamers » même en vacances, vous pourrez toujours finir la soirée dans un bar de jeux-vidéos tel que le Pixel Bar, situé dans le quartier de Chambéri. Ce petit bar « craft » accueillant a justement été creé par les Français Harold et Valentin, deux anciens copains d’école de commerce, qui ont troqué leur vie parisienne pour une nouvelle vie à Madrid. Ils organisent des tournois toutes les semaines et le reste du temps, on peut jouer gratuitement, à condition de respecter les règles de base de convivialité (ne pas monopoliser une console trop longtemps et consommer un peu aussi…). Le bar propose une carte pour grignoter (hamburgers, pizzas, croquetas, hot-dogs…) et pour boire, avec une offre de cocktails acidulés, aux noms empruntés au monde des jeux-vidéos.