La culture rétro du swing fait fureur à Madrid ! Les écoles de Lindy Hop, de balboa, de blues, de boogie woogie, de shim sham ou encore de shag n’ont jamais eu autant de succès que ces dernières années. On danse dans les discothèques, mais aussi dans la rue, pour retrouver l’ambiance « clandestine » des débuts du swing en Espagne. C’est l’occasion aussi de découvrir la programmation des meilleurs clubs de jazz madrilènes et le travail de nouveaux groupes qui insufflent une belle énergie à la scène musicale locale. Sing sing sing !
« Le jazz et le rock’n roll ne sont arrivés en Espagne que dans les années 1970, alors qu’ils étaient déjà considérés comme des musiques de vieux ailleurs. C’est tout simplement parce qu’ici, ces deux genres musicaux n’avaient pas passé les « contrôles de qualité » en vigueur à l’époque« , plaisante Juanjo Pacheco pour expliquer le retard avec lequel le swing a pris racine en Espagne. Mais mieux vaut tard que jamais ! Ces cinq dernières années, la culture musicale du swing est plus que jamais à la mode dans la capitale.
Juanjo en sait quelque chose. Il est le fondateur, avec Silvia Merino, de l’école de danse Blanco y Negro Studio, l’une des plus anciennes de la capitale, spécialisée dans les danses de salon et les rythmes américains. Ils sont à l’origine de la plupart des événements autour du swing qui ont actuellement lieu à Madrid, beaucoup étant gratuits ce qui a largement contribué au succès de cette culture : les Madrid Swing Nights réunissent des danseurs de Lindy hop tous les jeudis soirs à la discothèque Ya’sta Club. Il y a aussi les « apéro Swing » au centre culturel Matadero et les « goûters-swing » dans l’enceinte du Marché de Barceló (quartier de Chueca), avec des cours gratuits, et surtout, le Swing Madrid Festival, le rendez-vous du swing à Madrid par excellence, qui en sera à sa huitième édition au mois de mars de cette année.
Parallèlement au Blanco y Negro Studio, d’autres écoles mais aussi des groupes d’aficionados ont essaimé dans la capitale, notamment l’association « Mad for Swing » qui s’est fait connaître à travers ses jam-sessions intitulées « Swing Clandestino » (swing clandestin), histoire de recréer une certaine ambiance de « désobéissance à l’autorité » en utilisant, en toute légitimité, l’espace public pour danser et apprendre à danser, puisque le but de l’association est, là aussi, de diffuser leur passion pour la culture du swing.
Clandestin ou pas, le but de tous les « swingers » de Madrid est de passer du bon temps, malgré tout : « il faut qu’il y ait de la culture même s’il n’y a pas le budget pour cela« , sourit Raúl Marquez, violoniste de talent et l’un des artisans du swing à Madrid. Artiste compulsif et hyperactif, Raúl est à l’initiative de certains des événements « citoyens », totalement gratuits, les plus spectaculaires de Madrid, tels que le Cabaret Flotante (concert sur l’eau), le Cabaret Rodante (même chose, mais sur tout véhicule à roulettes) ou encore Girando por Tabernas (concerts de jazz dans les bars à vins). Passionné de jazz, en particulier du jazz manouche de Django Reinhardt et de Stéphane Grappelli, Raúl Marquez se produit avec plusieurs groupes dans les meilleurs clubs de jazz de Madrid. Avec le Ménilmontant Swing Quartet et le Tributo a Grappelli, il se produit au Café Populart, au Berlín Café, au Bogui Jazz, au Bar Intruso ou encore au Plaza, sans oublier les jam-sessions dans le quartier de Lavapiés, en particulier à la Bodega del Águila.
Depuis un an, Madrid a aussi son orchestre de Swing, le Swing Machine Orchestra, un projet unique, toujours d’après Raúl Marquez qui en est, là aussi, le confondateur: « il n’y a, à ce jour, aucun orchestre exclusivement de cordes de ce type en Europe, qui réunit douze musiciens« , affirme Raúl. Le Swing Machine Orchestra se produit dans des espaces publics, gratuitement : « nous faisons ça par pur plaisir et parce que nous pensons que le moment était venu de fonder un orchestre moderne de cordes, en profitant du nouvel engouement des madrilènes pour le swing. Notre but est avant tout de connecter avec le public, de partager avec lui notre passion pour le swing« .