Seuls quelques-uns doivent se rappeler combien ça chauffait à Madrid il y a cinq ou six ans quand tous les soirs, du mercredi au dimanche, nous avions rendez-vous avec la nuit madrilène. Un bain de foule qui n’en finissait jamais et qui nous donna l’occasion de voir passer dans la ville Elástico, V, Diamante, Stardust, Zombie, dans des salles pleines à craquer comme Pirandello, Charada, Boite et Cool. Autant de nuits qui resteront à jamais gravées dans nos cœurs…
Cependant, cette effervescence nocturne s’est éteinte petit à petit au cours des années qui suivirent. Peu à peu, les meilleures soirées DJ de Madrid connurent le frein de l’usure ou de l’ennui. Il va sans dire que la baisse de la consommation y contribua. Alors, une certaine nostalgie se mit à envahir beaucoup d’entre nous – même pendant les nuits de la Gay Pride. Or il semblerait que quelque chose de nouveau soit en train de se passer à Madrid, et pas seulement sur la scène nocturne. Il semblerait qu’une renaissance de la meilleure nuit au monde soit en gestation ces derniers temps. Et que cette saison, lancée en septembre dernier, marque le renouveau d’une nuit jusqu’à 6 h du mat’, pleine de possibilités que nous n’aurions jamais dû laisser échapper. Voici donc ma prédiction :
Ébullition festive
Un public standard qui a envie de s’amuser, travestisme mainstream, divas pop avec un brin de house… En cette période, les options sont si nombreuses et variées que je ne sais même pas par où commencer. Parmi les nouveaux venus : Pop Yourself du dimanche au jeudi dans la salle Republik. Si vous avez envie de faire le beau sur des morceaux éclectiques indie-pop, rendez-vous à Trastero Club dans la salle Pirandello. MalaMala fait l’unanimité le samedi dans la salle Cool. Jaleo Club (le jeudi), It’s Boite Bitch et Ultrapop dans la mythique salle Boite sont trois des soirées DJ les plus recherchées et délirantes de cette effervescence nocturne. DVN et Baila cariño! vous attendent les vendredis et samedis à Baila, Cariño, un véritable étendard de la nuit hétéro-friendly (ils ouvrent un bar pour les débuts de soirée aux Teatros Luchana!). De plus, Que Trabaje Rita lance son Happy Friday. Quant au reste, direction le quartier de Chueca avec ses innombrables bars et boîtes.
Frimes diverses
Chattanooga est le nouveau club du jeudi au Florida Retiro et se veut le retour au glamour madrilène d’antan ; haute société et bonnes manières au programme. No Chattanooga no glory. Quel que soit le nombre de followers que nous avons sur Instagram ou les exploits qui s’accumulent sur notre CV, il y a toujours une nuit où chacun et chacune d’entre nous aime se sentir spécial, beau et désiré. Et la nuit madrilène n’oublie personne : des lieux comme Cha Chá The Club ou Club Fishermans souhaitent être les dignes représentants des fêtes VIP à Madrid. Je cite le premier non pas pour son public sélect mais pour sa programmation musicale singulière (bien afro, comme je l’aime) et son espace impressionnant dans un bâtiment du XIXe, occupé par l’association culturelle El Principito. Le second pour son savant mélange de gastronomie et vie nocturne. Le Stardust – le vendredi dans la salle Cool – fut, est et sera toujours tendance. On peut voir aussi la crème rose de Madrid dans d’autres petites salles comme Maculato ou Toni 2.
Électro et bonne musique
Hélas, il n’est pas rare que la nuit gay oublie la musique, et que la musique oublie la nuit gay. Heureusement, il semble que dans certains temples on puisse encore trouver ces précieux éléments conjugués dans un même espace-temps. Les meilleurs DJ de l’électro nationale passent chaque semaine dans le superbe Mondo Disko (les jeudis et samedis dans la Sala Cocó). Et il est encore possible de draguer à la porte ! Et ne perdons pas de vue Trueno dans la légendaire salle El Sol : si l’ambiance est majoritairement hétéro, son esthétique électro-alternative et ses affiches musicales soignées en font une judicieuse option pour le vendredi.
Sexy-party
Du calme, je ne vous ai pas oubliés ! Vous qui fondez devant un corps bien taillé. Vous qui sculptez consciencieusement vos pectoraux. Pour les plus robustes et pour ceux dont les hormones frétillent, Madrid a également beaucoup à offrir ! Mordisko au Club 33 est sans aucun doute mon préféré car il associe l’atmosphère fétichiste propre à ce type de clubs à une esthétique beaucoup plus fashion et… délocalisée à Lavapiés ; je le recommande les yeux fermés aux hipsters les plus machos. Bien sûr, son grand frère Kluster dans la salle Changó reste la soirée DJ au plus haut niveau de testostérone des samedis madrilènes. Et dans la foulée, Macho fait son apparition dans la salle But : une fête fétichiste par excellence, des spectacles en direct et une électro puissante.
Dimanches et jours fériés
Ah, dimanche, jour béni ! Les plus férus de clubbing prétendent que c’est le jour idéal pour une véritable liturgie nocturne. Que, pendant que la ville dort, le miracle se produit… En cela, Madrid est une véritable mère spirituelle. Je commence : Que trabaje Rita, festival travesti dans une veine pailletée pour une fête de premier ordre. Cassette Club offre la meilleure musique que vous pourrez écouter à Madrid avec l’ambiance la plus club de la ville. Churros con Chocolate (environ une fois par mois) est une fête authentique et son electroclash vaut le détour. Tanga Party est un mélange sans pareil de musique house et talons aiguilles. Goa est la célébration musicale et esthétique la plus internationale. Enfin, Brunch in the Park (en horaire diurne) est l’une de ces idées bien cool qui éclosent à Barcelone et prennent toute leur ampleur à Madrid.